Quand on débute en sculpture, c'est une des premières choses à acquérir, la plus difficile à comprendre. Sauf qu'il n'y a rien à comprendre. Rien à comprendre intellectuellement. En théorie, le sens du bois est celui de la montée de la sève, c'est-à-dire sur l'arbre : la direction du bas vers le sommet de l'arbre. Quand on débute on s'aperçoit que les coups de gouges donnés dans cette direction tranchent proprement le bois et laissent une coupe lisse : le bois brille sous l'outil.
Quand on sculpte au contraire dans le sens opposé au fil du bois, à contre-fil, la gouge est plus difficile à diriger et la coupe est moins franche, voire cassante ; le bois peut s'arracher voire casser. S'il veut que le bois brille sous l'outil, le sculpteur cherche à couper dans la direction des fibres. En théorie, si on est droitier, le coup de gouge se donne de droite à gauche, on placera sa sculpture en bas-relief sur l'établi, pour la travailler de la droite vers la gauche. Pour la ronde-bosse, le statuaire, si on place sa sculpture sur l'établi, les coups de gouge se donneront le plus souvent de haut en bas, par conséquent le sens du bois devra être placé dans cette même direction.
Sculpter dans le fil du bois : chose la plus difficile à comprendre. Sauf qu'il n'y a rien à comprendre.
Les coups de gouges donnés dans le fil du bois tranchent proprement le bois et laissent une coupe lisse : le bois brille sous l'outil
Quand on sculpte au contraire à contre-fil, la gouge est plus difficile à diriger et la coupe est moins franche, voire cassante
Le sculpteur doit être à l'écoute du fil du bois dans une grande souplesse. Il n'y a rien à comprendre. Tout est dans le ressenti.
Voilà pour la théorie ! Mais en pratique, on s'aperçoit que le fil du bois change tout le temps. Il suffit qu'une veine dans une planche soit apparue pour que le sens change. Il suffit de changer de niveau, de direction, de tourner, de descendre dans la profondeur du bois pour que la réalité ne soit plus la même. En ronde-bosse, ces changements sont encore plus flagrants. Alors que faire ! Je conseille toujours aux apprentis sculpteurs d'appréhender le bois avec délicatesse, écoute, et de sculpter comme si on avait des palpeurs au bout des doigts.
Dès que le bois résiste et tend à se déchirer, il ne faut surtout pas insister. Il faut trouver l'angle d'attaque adéquat. Il y en a toujours un ! Cela requiert une grande adaptabilité pour sentir le fil du bois, une grande souplesse. Autant le bois est dur, autant le sculpteur doit être à l'écoute du fil du bois dans une grande souplesse. Il n'y a rien à comprendre. Tout est dans le ressenti.
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