L'Adoration des Mages est une des plus anciennes représentations de l'art chrétien. Elle est racontée dans l'évangile de Matthieu au chapitre 2. L'évangéliste ne donne pas le nombre des mages, ni ne précise exactement leur origine. Il dit seulement qu'ils viennent d'Orient et ont suivi l'astre dans le ciel annonçant la naissance d'un Messie et ils viennent lui rendre hommage et lui apporter des offrandes. Ils ouvrent leurs cassettes et offrent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.
Le christianisme n’a cessé tout au long de son histoire d’engendrer un art religieux immensément riche. Le but de cet art : éveiller les fidèles aux mystères divins, les faire entrer dans la contemplation de Dieu et de son oeuvre dans la création par son Incarnation. Depuis les premières représentations en fresques, mosaïques, sculptures ou enluminures, les chrétiens ont eu une créativité incontestable, dont les premiers signes se lisent dans les fresques des catacombes de Rome. Un de ces premiers signes au 3e siècle sur les fresques des catacombes et ensuite sur les sarcophages paléochrétiens, est la scène de l'Adoration des Mages.
L'adoration des Mages montre des Mages venus d'Orient apporter leur trésor, de l'or, de l'encens et de la myrrhe et les déposer aux pieds de l'Enfant nouveau-né, le Roi du monde. Ils sont les premiers païens, dit saint Augustin, à reconnaître le Christ. La longue marche des Mages qui suivent l'étoile dans l'obscurité est une image de la foi. En regardant l'étoile au loin, ils portent leur regard au loin, loin des apparences et vont reconnaître Dieu dans ce petit enfant, né dans une crèche et déposé dans une mangeoire entre un boeuf et un âne. Comme eux, nous les hommes, cheminons dans la foi et nous laissons guider par la lumière divine.
Les Mages offrent au Christ, les richesses les plus recherchées en Orient, l'or, l'encens et la myrrhe, en signe d'adoration et de reconnaissance.
Cette triple offrande signifie selon Maxime de Turin que les Mages reconnaissent le pouvoir du Christ
sur le cosmos, car l'or symbolise la terre dont il est tiré, l'encens, le ciel vers lequel
il monte tandis que la myrrhe est l'image des funérailles, le lieu du séjour des morts. D'autres Pères voient dans la triple
offrande des Mages, une annonce des trois états du Christ. Ainsi selon Fulgence de Ruspe, l'or, habituel tribut payé
par les vassaux, évoque le Christ roi véritable et son pouvoir de délivrer les captifs ; l'encens, offrande à Dieu
du culte ancien, fait voir la figure du Christ grand prêtre qui purifie l'homme ; la myrrhe symbolise
le Christ homme en sa passion et son pouvoir de ressusciter les morts (Sermon 6 sur l'Epiphanie), dans le livre de Martine
Dulaey, Symboles des évangiles (Ier-VIe siècles) : Le Christ médecin et thaumaturge
Chez Irénée de Lyon, l'or est le signe de la royauté du Christ, l'encens, le signe du sacerdoce, la myrrhe, le signe de sa mort
et de son ensevelissement. Or, d'après Matthieu, des mages vinrent de l'Orient et dirent . « Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. » Puis, ayant été guidés par l'étoile vers la maison de Jacob jusqu'à l'Emmanuel, ils firent voir, par les présents qu'ils offrirent, quel était Celui qu'ils adoraient . la myrrhe signifiait que c'était lui qui, pour notre race humaine mortelle, mourrait et serait enseveli; l'or, qu'il était le Roi dont le règne n'aurait pas de fin; l'encens, enfin, qu'il était le Dieu qui venait de se faire connaître en Judée et de se manifester à ceux qui ne le cherchaient point. (Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, Livre 3). La myrrhe était effectivement utilisée pour les ensevelissements pour l'embaumement des corps. Cette myrrhe
était mélangé à du cinnamone, du roseau, de la casse et de l'huile d'olive.
La plus ancienne image représentant l'adoration des mages est une fresque du 3e siècle située dans une catacombe romaine, la catacombe de Priscille.
Les trois rois ont tous les trois une particularité : ils portent un bonnet phrygien. La représentation la plus courante montre la Vierge assise sur un fauteuil et présentant
l'Enfant Jésus assis sur ses genoux. A gauche de la scène les mages sont en général représentés de profil. Ils s'avancent tous les trois et présentent leur offrande tandis que
l'Enfant tend les mains pour recevoir ces présents. Selon Martine Dulaey, les dons sont souvent individualisés : une couronne, forme
des tributs barbares, pour l'or qu'offre le premier, un brule-parfum pour l'encens du second, des boulettes de myrrhe sur un plat pour le troisième.
Sur une mosaïque de Ravenne représentant l'Adoration des mages, ces derniers sont respectivement un vieillard, un homme mûr, un jeune homme. Ces trois âges évoquent les trois âges de la vie
se prosternant devant le Christ.
Extrait d'une homélie de saint Jean Chrysostome sur l'adoration des mages : Avant d'adorer cet enfant, décharge-toi de tout ce qui t'encombre. Si tu es riche, dépose ton or à ses pieds, c'est-à-dire, donne-le aux pauvres. Ces étrangers sont venus de si loin pour contempler ce nouveau-né ; comment pourrais-tu... refuser de faire quelques pas pour visiter un malade ou un prisonnier ?... Les mages ont offert leurs trésors à Jésus, et toi, tu n'as même pas un morceau de pain à lui donner ? (Mt 25, 35s) Quand ils ont vu l'étoile, leur cœur a été rempli de joie ; tu vois le Christ dans les pauvres, manquant de tout, et tu passes outre, tu n'es pas ému ? Commentaire sur Matthieu.