Sculpture de par Philippe Péneaud. Unique exemplaire.
Les Vierges en majesté sont sculptées sur un même modèle, une même formule iconographique qui constitue un double trône. Marie est assise sur le trône de Dieu et elle est, elle-même, le trône vivant du Christ. Plus que les attributs ou les vêtements ou les décorations, ce sont les attitudes qui sont expressives. Marie, représentée dans un âge mûr, se tient comme une reine dans un port altier, royal, solennel. Elle tient le Christ dans ses mains et ne porte habituellement pas d’attributs comme un globe ou une pomme ou bien encore un sceptre. On rencontre une diversité dans le traitement des mains qui peut se ramener à deux poses : les mains fermées ou les mains ouvertes. Dans la première, l’étreinte maternelle s’affirme, dans la seconde, elle écarte ses deux mains, acceptant de se dessaisir de son fils dans l’offrande et le sacrifice. Le Christ est aussi figuré dans un âge mûr. Malgré sa position sur les genoux de sa Mère et la petitesse de sa taille, il n’est pas façonné comme un nourrisson. C’est le type du Christ Emmanuel, enfant et Dieu, plein de sagesse divine malgré son jeune âge. Il incarne la plénitude du Verbe qui pré-existe en Lui d’avant les siècles. Selon les types régionaux, il peut être assis quelquefois sur le genou gauche de Marie ou bien en oblique dans le giron de sa mère, mais normalement il se tient toujours de face et au centre. Comme sur les icônes et les fresques byzantines, le Christ est le centre des axes principaux de la composition. Son attitude est solennelle, son regard se dirige droit devant lui, ni à gauche, ni à droite. Il est comme souverain qui assume sa pleine autorité en accédant au trône. Trône figuré par Marie et, comme nous l’avons dit, comme trône, elle est subordonnée à lui. Absolue concordance des visages identiquement graves, secrets, parallélisme des regards dans une similitude de pensée. Marie et l’Enfant sont assis dans une attitude symétrique solennelle. La frontalité et la rigidité qui en résultent, confèrent aux œuvres un effet d’une impassibilité sévère. A l’époque romane, Marie est souvent comparée au trône de Salomon, l’ivoire du trône étant une image de sa virginité, l’or, de la divinité et les marches, les vertus qui mènent à Dieu. Comme le roi Salomon est une préfiguration du Christ, le trône de Salomon est une préfiguration de la Vierge. Marie tient dans son giron la Sagesse divine devenue chair, préfigurée par la sagesse du roi de l’ancien Testament. Elle a porté en son sein cette Sagesse, elle est donc considérée comme le siège de la Sagesse, Sedes Sapientiae. En elle a demeuré la sagesse du Père- le Logos pré-éternel. Dans l’église de saint Junien en Haute Vienne on lit sur la mandorle qui entoure une Vierge en majesté : « la sagesse du Père est au cou de la Mère… ».