Chaque année, le mystère de Noël nous plonge dans une joie et un émerveillement sans fin. Un monde nouveau s'ouvre sous nos yeux, une histoire nouvelle, une humanité nouvelle. Moment mystérieux, moment profondément mystérieux et sublime : Dieu descend des cieux, Dieu descend dans le monde, Dieu descend dans la chair, il descend dans la chair du monde, il vient habiter la chair. Le Verbe se fait chair et il choisit la chair la plus pauvre, la chair la plus faible, la chair la plus démunie, la plus innocente, la chair d'un petit enfant. Lui, de condition divine, Dieu d'avant les siècles, prend le visage et le corps d'un enfant. Il choisit de naître comme un enfant au fond de la nuit, la nuit la plus longue de l'année, la nuit la plus sombre, dans l'endroit le plus caché au bout du monde, le plus pauvre, le plus fragile, dans une mangeoire à bestiaux au fond d'une étable entre deux animaux. Dieu tout puissant se révèle dans la pauvreté, dans la pureté, dans la faiblesse, dans l'innocence d'un enfant. Dieu tout puissant se révèle, non pas comme un Dieu dominateur et lointain, un souverain, un despote, un monarque, mais comme un enfant pauvre. Il nous manifeste aujourd’hui sa pauvreté de la manière la plus profonde et la plus absolue.
Il est devenu pauvre comme un petit enfant pour que nous puissions l’aimer, nous osions l’aimer. Un petit enfant se jette avec confiance entre nos mains. Il nous dit : je viens à toi comme un petit enfant, pour que tu puisses m’accueillir et m’aimer, pour m'unir à toi et me mêler à toi. Et je me mêle à toi pour que tu deviennes semblable à moi, pour que tu partages la vie éternelle avec moi, pour que tu partages ma vie d'amour. En nous révélant son vrai visage de pauvreté, vrai visage d'amour, Dieu nous révèle en effet notre vrai visage. Il nous révèle que notre vrai visage, notre vraie grandeur n'est pas de dominer, de posséder, de contraindre, d'être servi, mais de donner, d'aimer comme un enfant, de rire comme un enfant. Il revêt mon corps… dit saint Jean Chrysostome, il revêt ma chair, afin de me sanctifier et de me donner son Esprit. Esprit d'amour, esprit de pauvreté, esprit de don, esprit de compassion, esprit d'espérance, esprit de joie.
Oui, la joie l'emporte aujourd’hui sur tout, la joie de Noël. Elle naît de la contemplation de ce visage, fragile visage d'enfant nouveau-né. Nous savons que c’est le visage de Dieu, Dieu présent pour toujours dans notre humanité. Nous ne sommes plus seuls. Aujourd’hui, le monde n'est plus seul. Dieu descend et prend à bras-le-corps notre humanité et l’élève jusqu’à lui, au rang le plus élevé, le plus profond, le plus exaltant, celui d'enfant de Dieu. Il prend à bras-le-corps nos souffrances, nos peurs, nos inquiétudes et nous en libère. Oui, le vrai cadeau de Noël n'est pas la dinde rôtie, ni le chapon farci, ni la bûche glacée au chocolat ni un collier précieux, mais le vrai cadeau de Noël est la joie. La joie de Noël transmise par la naissance de l'Enfant-Dieu, la joie à partager et à transmettre, à transmettre à notre tour avec un sourire, un geste, un pardon. Aujourd’hui, la Nativité du Christ nous fait naître à un mystère immense ; il nous comble de joie. En ce mystère, nous reconnaissons et aimons Dieu dans l'Enfant-Dieu qui se donne à nous. En ce mystère, remplis de cette joie nouvelle, nous nous donnons à lui et lui offrons notre cœur. (Homélie de la Nativité du Christ, Matthieu 2, 1-12, 25 décembre 2015)