Quelquefois, les personnes arrivent au stage de sculpture sur bois avec des attentes bien précises. Rapidité, excellence, elles projettent souvent les attentes qu’on leur plaque dans le monde du travail. Et leur stress est souvent palpable. Certains veulent tout de suite entrer dans pratique de la sculpture et éluder tout préliminaire et ne supportent pas l'enseignement théorique, d'autres s'imposent un rythme qui n'est pas le leur sous prétexte de ne pas finir le dernier du groupe, d'autres veulent avoir fini leur ouvrage avant de l'avoir commencé. Quelqu'un ne supportait pas que je prenne la parole pour dispenser un enseignement sous prétexte que cela l'arrêtait dans son travail et brisait son élan créatif. Dès que j'ouvrais la bouche pour le guider, le malaise était tout à fait perceptible. Cette même personne a décidé de quitter le stage un jour à l'avance, car elle estimait que son travail était terminé. D'autres encore ne supportent pas les horaires imposés sous prétexte qu'elles sont des artistes et qu'elles obéissent uniquement au flux de création qui les habitent. Mais heureusement la grande majorité des stagiaires accepte de rentrer dans cette école d'humilité et de patience où il est demandé un peu de désappropriation de soi. Oui, pour entrer réellement et profondément dans l'apprentissage de la sculpture sur bois, il faut se désapproprier, se désarmer, renoncer à toute projection, se défaire de son passé et se laisser guider par le maître du bois. Celui-ci est à l'écoute de chaque stagiaire, à l'écoute de leur attente, de leur niveau et il les guide non pas en fonction du groupe mais en fonction de l'intérêt de chacun. École de patience… l'apprentissage de la sculpture sur bois ne se fait pas en un claquement de doigts. École de patience… il faut voir le nombre incroyable de copeaux jonchant le sol de l'atelier après une journée de travail, pour comprendre que la sculpture, même d'un objet simple, demande du temps, de la patience, de l'humilité.