Sculpture de par Philippe Péneaud. Unique exemplaire.
Dans l'art roman la Vierge de la Nativité est allongée, comme sur les icônes byzantines, exprimant par sa position une grande lassitude. Cette attitude nous rappelle que Marie a bien vécu dans sa chair l'enfantement de son fils et que l'incarnation du Fils de Dieu est bien réelle et non une illusion ou une apparence. Saint Nicolas Cabasilas, un grand théologien byzantin, dit à propos de la venue de Dieu dans la chair, que cette Incarnation fut non seulement l’œuvre du Père mais aussi l’œuvre de la volonté et de la foi de la Vierge. Marie a attiré Dieu vers elle. Saint Nicolas Cabasilas dit cette parole magnifique : La Vierge a coopéré à l’œuvre divine en devenant l’ouvrière de ce qui attira l’artisan divin vers la terre et mit en mouvement sa main créatrice. Quoi donc ? Ce furent sa vie toute pure, le renoncement à tout péché, l’âme plus pure que la lumière, le corps en tout spirituel, plus lumineux que le soleil, plus pur que le ciel, plus saint que le trône des chérubins… un désir de Dieu… une prise de possession par Dieu, une intimité avec Dieu… Ayant orné son âme et son corps de tant de beauté, elle attira le regard de Dieu… elle a ainsi attiré l’impassible, et celui que l’homme avait rebuté par le péché est devenu Homme par la Vierge. Bien avant de dire oui à l'archange Gabriel, Marie participe, coopère, prépare la venue de Dieu dans la chair. Par l'immensité de son désir de Dieu et par sa sainteté, elle attire comme un aimant, elle aimante Dieu de telle sorte qu'elle devient le terreau dans lequel le Christ va germer. Bien avant l'Annonciation, elle prépare son cœur à cette visite. C'est pour pourquoi il est possible de dire que la venue du Verbe dans la chair est donc non seulement l'œuvre du Père, mais également l'œuvre de la volonté et de la foi de la Vierge. Sans la préparation de Marie, sans son concours actif et sa foi, sans le oui de Marie depuis sa naissance, le dessein de Dieu de venir dans la chair n'aurait pu se réaliser. Car Dieu ne cherchait pas une personne qui serait restée passive face à cet immense mystère, il cherchait, dit Saint Nicolas Cabasilas, il cherchait une collaboratrice pour opérer le salut du genre humain, une associée de son zèle miséricordieux. Deux oui se rencontrent donc. Le « oui de Dieu et le « oui » de Marie. On peut dire que le mystère de l’Incarnation et le mystère de l'Annonciation se résument à cette rencontre des deux oui. Le « oui » de Dieu, amoureux éperdu de l'homme et de sa création et le « oui » de Marie qui cherche et aime Dieu par-dessus tout. Par son « oui », par son consentement, par sa sainteté Marie ouvre une porte, une porte à la grâce, une porte à l’Esprit-Saint. Également par son « oui » Marie nous ouvre à tous une porte. Car en Marie, nous sommes tous appelés à nous préparer, à nous préparer à porter Dieu dans notre cœur, dans notre être, à le faire naître en nous. Apprenons à dire Oui. (Homélie sur l'Annonciation par père Philippe, 25 mars 2015, Monastère du Buisson Ardent)