Tétramorphe
Carennac
Un tympan inspiré de celui de Moissac
« La majesté inspirée de Moissac se propage dans le Centre, le Nord et l'Ouest de la France. Vers le Nord, la première « réplique » se montre à Carennac, dans le département du Lot, sur les rives de la Dordogne. Ce tympan sculpté vers 1130-1140, aux dimensions modestes, donne une impression première de hiératisme et de cloisonnement. Il se caractérise par le cloisonnement de sa composition, le compartimentage des personnages dans des structures un peu étouffantes. Le sculpteur de Carennac a voulu imiter l'agencement d'un devant d'autel en orfèvrerie de forme rectangulaire et panneauté, il en a transposé, dans la pierre, les motifs ornementaux. Toutefois la composition est habitée par le mouvement et la vie de Moissac. Le Christ en majesté, au visage sévère, les pommettes saillantes, assis sur un trône richement décoré, occupe toute la hauteur du tympan. La position du corps, pleine d’aisance et de stabilité, est remarquablement équilibrée, selon Marguerite Vidal et Jean Maury, Quercy Roman, Zodiaque, La nuit des temps, 1969, p. 243. La mandorle, creusée en cuvette, percée de trous sur ses bords, forme un rectangle avec les quatre vivants aux quatre angles. Contemplant le Christ avec attention, ils sont une copie conforme de ceux de Moissac, en plus paisibles, moins vifs, ne pressant pas le Christ de leur adoration extatique. Les proportions de leur corps ont diminué, ils occupent une place nettement plus restreinte que les vivants de Moissac. De chaque côté de ce groupe central, réparti sur deux registres comme les vieillards de Moissac, les apôtres conversent deux par deux, animés de mouvements variés, difficilement compatibles avec leur position assise. De nombreux détails, chevelures, barbes, yeux, position des membres, plissés des tuniques, drapés des manteaux, reproduisent en adoucissant leur accent, les prototypes languedociens. Mais la rondeur des volumes, un certain épaississement de la forme (Marguerite Vidal et Jean Maury, Quercy Roman), alourdissent la fluidité de l’inspiration moissagaise. »
Page 271 du livre Les Quatre Vivants de Philippe Péneaud, L'Harmattan.
Commander le livre :Les Quatre Vivants
