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Croix

Christ en Croix

Christ

en Croix

La crucifixion du Christ est tout à fait révoltante dans les faits. Toutefois, malgré ses aspects violents et insupportables, elle donne l'occasion de se poser des questions essentielles sur le mystère du Dieu fait homme. Questions que se sont posés les mystiques et les théologiens chrétiens des premiers siècles. Qui meurt sur la croix, est-ce un homme, est-ce un Dieu ? Qui est le vrai sujet de la souffrance et de la mort sur la croix ? Si l'on envisage que c'est Dieu, comment Dieu immortel et impassible par nature peut-il alors mourir ? Voici quelques questions posées ; elles vont servir de support à la contemplation des sculptures du Christ sur la croix.

Qui meurt sur la croix ?

Introduction du livre intitulé La personne du Christ. "Qui meurt sur la croix ? Telle est la question occasionnée par la mort du Christ sur la croix figurée en d'innombrables images. Qui meurt sur la croix ? Qui est le sujet de la kénose, de la souffrance et de la mort sur la croix ? Est-ce le Verbe de Dieu ? Mais comment Dieu immortel et impassible peut-il mourir ? Comment l'Un de la Trinité peut-il endurer une mort semblable ? Pour échapper à cette alternative embarrassante, certains attribuent la mort à l'homme Jésus. Celui-ci rendrait son dernier souffle sur la croix tandis que le Verbe divin et préexistant se dissocierait de lui au moment ultime. Le Christ serait alors divisé en deux parties. Seule sa partie terrestre, charnelle, endurerait la Passion, alors que sa partie spirituelle échapperait aux souffrances en s'effaçant. Quelques-uns pensent à ce sujet qu'une permutation s'opère lorsque Simon de Cyrène est réquisitionné au retour des champs par les soldats romains pour porter la croix derrière le Christ. Après s'être métamorphosé en Jésus, quand Jésus prend ses propres traits, Simon aurait été crucifié à la place du Seigneur. Un autre scénario aux antipodes des hypothèses précédentes consiste à attribuer la Passion, non au Fils, mais au Père. Le Père compatissant pour la souffrance du monde s'incarnerait sous le visage du Fils et mourrait sur la croix, non dans sa substance divine, mais dans une substance humaine. De multiples hypothèses sur la mort du Christ ont ainsi été échafaudées. Elles ont constitué l'arrière-fond des grands débats théologiques au début de l'ère chrétienne."

Christ en croix orthodoxe Christ en croix, à sa droite, Marie, à sa gauche, l'apôtre Jean Christ en croix en robe, les yeux ouverts
Trois sortes de croix sculptées, à gauche une croix orthodoxe, au centre et à droite deux croix d'inspiration romane.

La Croix

La gloire et la croix

Introduction du livre intitulé La personne du Christ. Suite... "Nous nous proposons d'en repérer les plus importantes et d'analyser les scénarios qu'elles élaborent pour éluder l'Incarnation du Logos divin et son implication dans la mort sur la croix. Un premier scénario, suscité par la vision docète, pousse à nier le Crucifiement du Fils de Dieu sous le prétexte que son Incarnation n'aurait revêtu que le manteau de l'apparence. Un deuxième scénario, engendré par l'arianisme, ne peut envisager la mort de Dieu et attribue par conséquent la mort sur la croix à un homme et non à un Dieu. Un troisième scénario, le patripassianisme fait s'incarner le Père sous le visage du Fils et l'implique dans la Passion et la mort sur la croix. Un quatrième scénario, proposé par l'apollinarisme, refuse au Christ une humanité complète et considère que le Crucifiement ne touche que sa chair et épargne le Verbe.

Croix inspirée de motifs celtes Croix orthodoxeCroix orthodoxe
A gauche une croix avec des motifs d'inspiration celtique, au centre et à droite, deux croix orthodoxes.

La Croix

Les différentes approches de la croix

Introduction du livre intitulé La personne du Christ. Suite... Puis au 5e siècle, lorsque l'évidence du double statut du Christ - à la fois Dieu parfait et homme parfait - recueille l'assentiment des Pères, des débats s'engagent sur le caractère de la coexistence des deux natures dans le même sujet. Le nestorianisme projette le scénario d'un Christ divisé en deux personnes et attribue ses souffrances au Christ-homme tandis que le Christ-Dieu ne souffre pas. Il faudra toute la vigueur d'un Cyrille d'Alexandrie, avec sa formule-choc « le Verbe a souffert dans la chair » - qui ne sera reçue véritablement que deux cent ans plus tard - pour confesser que la Passion est endurée par la personne divine du Verbe sans que cela compromette la nature divine même. Cyrille reprend ainsi un terme utilisé dès le premier siècle par Ignace d'Antioche, le théopaschisme, « la passion de Dieu » qui souligne l'unité concrète du Christ dans sa personne grâce à la communication des idiomes ou communication des propriétés. Cette formulation attribue, par l'intermédiaire d'un oxymore, les propriétés de sa nature divine au Christ-homme et les propriétés de sa nature humaine au Verbe divin. La communication des idiomes souligne ainsi que le visage du Crucifié n'est pas seulement celui d'un homme qui souffre, mais il est celui du « Verbe qui souffre dans la chair ». L'image du Crucifié ne représente pas uniquement un homme suspendu à la croix, mais elle montre la personne du Christ, un même sujet : d'une part Dieu impassible et immortel ; d'autre part un homme qui a souffert et est mort sur la croix. Par la suite, le scénario du monophysisme noie l'humanité du Christ dans sa nature divine et réfute toute idée de souffrance du Verbe sur la croix ; en réponse, les intuitions théopaschistes de Cyrille sont étayées au concile de Chalcédoine de 451 par la distinction essentielle en christologie entre nature et personne. Et enfin, la lutte contre le monoénergisme et le monothélisme encourage Maxime le Confesseur à intensifier la notion de communication des idiomes par le terme de périchorèse, qui se définit comme une véritable compénétration, au sein de la personne du Logos, de la nature divine dans la nature humaine, mais également de la nature humaine dans la nature divine. « Comme Dieu », dit Maxime, « le Christ était le moteur de sa propre humanité, et comme homme il manifestait sa divinité... C'est donc comme à un tout, au seul et même Christ que nous attribuons tout ce qui est des natures » et que nous confessons que le sujet de la Passion et de la mort est le Verbe de Dieu qui, dans sa personne, meurt humainement tout en restant impassible divinement. Enfin, pour terminer cette étude christologique, nous citerons un scénario ultime, non des moindres, celui qu'a engendré l'iconoclasme. Il repose sur une compréhension erronée des modalités de l'union des deux natures dans la personne du Christ, en opérant une confusion entre nature et personne. En réponse à l'iconoclasme, la justification du rôle des icônes et le bien-fondé de leur vénération reposent sur la mise en valeur dans l'icône du Christ, archétype de toute icône, non de sa nature divine indescriptible, non de sa nature humaine seule, mais de sa personne. Nous allons le voir, un des apports essentiels des débats théologiques des premiers siècles à propos de la mort du Christ sur la croix consiste essentiellement en la manière dont se caractérise cette unique personne. L'unité des deux natures dans la personne du Christ dépasse la simple synthèse. L'Incarnation correspond, non à l'assemblage de deux parties disjointes, mais à une union asymétrique où l'hypostase du Logos divin et éternel, la personne préexistante du Verbe, assume, enhypostasie la nature humaine jusqu'à mourir dans la chair. « L'Un de la Trinité meurt dans la chair ». Le sujet de la Passion et de la mort est par conséquent le Verbe de Dieu qui, dans sa personne, meurt humainement tout en restant impassible divinement. Les voies ouvertes par l'énonciation du théopaschisme, qui affirme l'identité personnelle entre la deuxième personne de la Trinité et le Logos incarné, amorcera notre appréhension future de l'image et s'y révèlera comme le « présupposé nécessaire à une juste compréhension de l'icône du Christ » et de toute icône."

Gros plan du visage du Christ d'une croix orthodoxe en bois sculptéGros plan du visage du Christ d'une croix orthodoxe en bois sculptéCroix de cimetière orthodoxe en bois sculpté
Trois croix de cimetière, à gauche une croix trèflée avec une Sainte Face du Christ, au centre et à droite, deux croix d'inspiration byzantine.
Crucifixion